Régimes, compulsions alimentaires et boulimiques...

Publié le par Jenny

Régimes, compulsions alimentaires et boulimiques...

Les effets des régimes restrictifs sont désastreux... 80% des personnes qui ont maigri grâce à un régime reprendront leur poids initial, et même souvent plus, dans les deux années qui suivront (étude statistique de l'ANSES).

Mais il faut d'abord expliquer ce qu'est un régime, car il règne une réelle confusion dans ce domaine...

Un régime alimentaire est l'ensemble des règles et des aliments qu'un individu suit et ingère, naturellement ou non. On peut donc avoir un régime alimentaire équilibré, ou non équilibré, intuitif (on mange ce que l'on veut) ou directif (règles à respecter, aliments interdits et/ou quantités fixées).

Un régime tel qu'on en entend parler autour de nous 'pour maigrir' est un régime restrictif : on va s'interdire certains aliments, parce qu'ils sont dits 'trop caloriques' et se fixer certaines quantités (pour réduire les apports en énergie). En effet, si l'on mange moins que les besoins de notre corps, celui-ci 'pioche' dans nos réserves graisseuses, et l'on maigrit. Le problèmes avec les régimes restrictifs, c'est que le corps se souvient qu'il a manqué d'énergie, qu'il a eu faim, et qu'il finit par se programmer 'en mode économie d'énergie' en attendant des jours meilleurs. Il dépensera moins d'énergie, stockera davantage pour préparer les périodes de disette, bref, il fera tout pour reprendre les kilos dès que l'alimentation redeviendra 'normale' : d'où les 80% de personnes qui reprennent du poids...

Alors, quand on veut perdre du poids, que doit-on faire ???

Je dirais qu'il existe en gros 3 façons de s'alimenter, quand comme nous en Occident, nous avons une profusion de nourriture et un choix immense d'aliments :

  1. s'alimenter totalement selon son instinct, ses envies, sans aucune peur de grossir ou de maigrir, comme le font les enfants. C'est ce que le Dr Zermati appelle les mangeurs auto-régulés. Ce sont ces personnes que nous envions, qui ont naturellement un poids stable, qui peuvent ouvrir une tablette de chocolat en n'en manger que deux carrés sans se poser de questions. Au restaurant elles commandent sans complexe tout ce qui nous fait envie mais que nous nous interdisons (pizzas, frites, desserts copieux...). Elles finissent rarement leur assiette, rassasiées, et satisfaites de leur repas.
  2. s'alimenter sous contrôle permanent : on a déjà fait de multiples régimes, on a une idée très claire des aliments 'bons' ou 'mauvais' pour la santé, on s'applique à manger équilibré, à ne pas grignoter entre les repas, à choisir des plats légers au restaurant, tout en lorgnant envieusement sur les frites ou la glace que laissent nos amis mangeurs auto-régulés... On n'achète pas ce qui nous fait tellement envie mais qu'on s'interdit (pas de Nutella dans nos placards...). Très souvent, on craque quand même sur ces aliments dès qu'on est en 'situation difficile' : on passe devant une boulangerie, des amis nous offre des chocolats, on est invité à manger une bonne raclette, on ne tient plus devant le gouter des enfants... On se baffre alors de ces aliments-plaisirs, avec délectation, puis on regrette nos écarts et l'on fait de nouveau attention aux repas suivants. Cela s'appelle des COMPULSIONS ALIMENTAIRES : c'est l'effet 'élastique'. Plus se prive longtemps de nos aliments-plaisirs, plus on tire sur l'élastique de la volonté, qui finit toujours par lâcher et nous revenir à la figure. On commence alors à alterner les phases de restrictions et les craquages, on peut même voir sa courbe de poids faire du yoyo quand les compulsions s'aggravent.
  3. s'alimenter sans plus aucun contrôle, complètement déconnectées de nos sensations, de nos envies, de nos besoins, de notre plaisir : la nourriture est devenue une obsession, une relation toxique amie/ennemie, réconfort/torture, plaisir/dégout... Quand on en est là, on souffre de COMPULSIONS BOULIMIQUES : il ne s'agit plus de craquer sur des aliments-plaisir, mais de se remplir, d'ingurgiter, d'avaler, sans mâcher, sans apprécier, sans écouter ses envies, sans penser aux conséquences, sans plus pouvoir s'arrêter, même quand on est rassasiée, quand notre ventre se distend et nous fait mal. On mange alors n'importe quoi, ce qu'on a sous la main, ce qui se mange vite sans être préparé, on fait la razzia sur le pain rassis, le beurre, les yaourts, la confiture, le chocolat, les chips, le fromage, le saucisson... Impossible de nous assoir calmement et de se dire "quitte à trop manger, autant me faire un bon petit plat que j'aime". Tout doit aller vite, trop vite.

Quand on est boulimique, on peut connaître, par périodes, les trois façons de s'alimenter décrites ci-dessus.

Les mois, ou les années pendant lesquels je me suis parfois sentie bien (épanouie dans ma vie personnelle ou professionnelle, ou quand j'ai remplacé la boulimie par d'autres addictions, comme les achats compulsifs ou le sport par exemple...), j'ai mangé comme les mangeurs auto-régulés : quel plaisir de ne plus penser qu'à la nourriture, de manger uniquement quand j'avais faim, et de ne plus me prendre la tête, d'apprécier mes repas...

Je suis également très longtemps restée en 'phase 2', en alternant des régimes avec quelques compulsions alimentaires, et quelques compulsions boulimiques. Globalement, j''arrivais à stabiliser un poids qui ne me plaisait pas, mais je ne grossissais pas.

Depuis 3 ans, et mes deux grossesses, je vis en 'phase 3'. Je suis en surpoids, et je continue à grossir, inexorablement. Ne pouvant faire du spot autant que je le voudrais, ne me faisant pas vomir (je ne l'ai jamais fait), je ne contrôle plus mon poids, et je souffre de compulsions boulimiques fréquentes, notamment dues à l'ennui, la fatigue, l'anxiété, bref, toutes ces émotions que nous, les boulimiques, ne savons 'gérer' qu'avec la nourriture...

Comment faudrait-il manger alors ?

D'abord, il faut soigner ses compulsions boulimiques : c'est LE problème numéro 1, celui qui est ingérable 'rationnellement' et par la volonté. Pour cela, seule une thérapie spécialisée est efficace (thérapies de groupe de type Gestalt et individuelles de type comportementale), mais il faut être patiente... A raison d'une journée par mois, il faut compter entre un an et demi et deux ans pour que la boulimie disparaisse, progressivement. Il s'agit de se reconstruire, d'acquérir une personnalité, une individualité forte et d'apprendre à reconnaitre et à gérer ses émotions autrement qu'avec la nourriture...

Ensuite, il faut apprendre à écouter son corps et à sortir du cercle vicieux des restrictions et des compulsions alimentaires : c'est pour cela qu'il faut éviter les régimes restrictifs, et plutôt adopter une alimentation équilibrée qui laisse place à des aliments plaisirs de temps en temps, sans culpabiliser. Pour manger 'correctement', il faut réapprendre à manger, voici les principes de base :

  • éviter les produits industriels, les plats préparés, les aliments contenant des additifs artificiels : en effet, certains additifs alimentaires perturbent notre corps et nous font trop manger (trop de sel, trop de sucre, faux sucres, perturbateurs endocriniens, etc.) : par exemple, le sirop de glucose-fructose, qui remplace le sucre dans de nombreuses pâtisseries industrielles, inhibe notre sensation de satiété si bien qu'on peut en manger beaucoup plus que la normale sans être écoeuré (!). On en trouve aussi dans certains yaourts, sodas, etc... Il vaut mieux se faire un bon gâteau maison avec du vrai beurre et du vrai sucre !
  • manger au calme, en pleine conscience, bien mâcher et apprécier les aliments que l'on ingère.
  • manger ce que l'on aime, ne pas se forcer à manger ce que l'on n'aime pas sous prétexte que c'est léger ou bon pour la santé.
  • Manger en trois ou quatre repas par jours, sans grignotage, qui entretiennent l'envie de manger.
  • S'arrêter quand on n'a plus faim ! Vous n'êtes pas une poubelle, le surplus ira à la poubelle, pas sur vos hanches ou votre ventre !
  • Se programmer des menus équilibrés, mais s'écouter si l'on a envie d'un dessert ou de frites de temps en temps !

Pour réapprendre à manger ainsi, je vous recommande trois livres qui se complètent, lire dans l'ordre suivant :

-"Maigrir sans régime" du Dr Zermati : pour sortir de la restriction et redevenir une mangeuse 'auto-régulée' ;

- "Manger en pleine conscience" du Dr Chozen-Bays : pour écouter son corps et savoir quels aliments lui apporter, à la juste quantité, tout en se faisant plaisir ;

- "Maigrir avec la cohérence cardiaque" du Dr O'Hare : pour apprendre à évacuer stress et anxiété, et à se mettre en état de 'pleine conscience' en mangeant.

C'est le processus que j'entame : soigner d'abord mes compulsions boulimiques pour ensuite sortir définitivement des régimes et manger de nouveau 'naturellement'. Un parcours long mais vital.

Publié dans régimes

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